Les Ollières sur Eyrieux

Les Ollières sur Eyrieux

Les Ollières au milieu du XIXe siècle


On peut se faire une idée assez précise de notre village aux alentours de 1850, grâce à divers documents conservés aux Archives Départementales de Privas.
ll s'agit notamment de la liste nominative du recensement de 1851, qui indique les religions des habitants et de la liste électorale de 1848, date de la mise en place du suffrage universel des hommes de plus de 18 ans.



Recensement-1851

Il faut d'abord savoir que la commune des Ollières s'arrêtait à l'Eyrieux, mais englobait la commune de Dunière.
Sur le territoire actuel des Ollières, mais au nord de l'Eyrieux, on comptait en 1851, 774 habitants, dont 506 catholiques et 268 protestants.
Le hameau du Pont regroupait 170 personnes dont 108 catholiques et 62 protestants,
et les autres agglomérations principales étaient :
la Chareyre (86 catholiques, actuel quartier de l'église),
le Plot (80 habitants, dont 63 catholiques et 17 protestants),
la Faurie (66 habitants, 36 catholiques, 30 protestants),
la Pimpie (57 habitants, 43 catholiques, 14 protestants),
la Breure (40 habitants, 17 catholiques, 23 protestants),
la Viallerie (20 habitants, 5 catholiques, 15 protestants).
Grâce à une lettre du maire de Pranles du 4 septembre 1852, qui demande dans sa commune la création d'une section du Bas-Pranles, nous savons qu'il y avait au Jardin, actuel Bas-Pranles, 137 personnes, et le maire souhaitait y établir le chef-lieu de sa commune.
A la Combe et à la Chièze, il y avait 59 personnes dans chaque endroit, 56 aux Sceauteaux, 53 à Veye, 35 à Escoulen, 30 à Saint-Andéol, etc.



Le pont sur l'Eyrieux aux Ollières - 1858

Le pont de l'Eyrieux
L'Eyrieux était franchi par un pont qui prenait appui sur un rocher au milieu du lit, et qui était relié à la rive droite par une longue descente qui arrivait à Tartary. En cas de crue, le pont tenait, mais la rivière emportait la rampe qui menait au sommet du rocher. Sur celui-ci, il y avait une maison où il fallait payer péage quand on voulait franchir l'Eyrieux, et qu'on pouvait le faire. Le pont suspendu ne fut inauguré que le 11 décembre 1857; encore faut-il savoir qu'on ne pouvait s'y croiser à cause de son étroitesse, qu`il fallait toujours payer, et que pour atteindre la tourelle qui le soutenait en rive droite on construisit l`actuelle rue principale du Bas- Pranles, ainsi que le petit pont proche de la Poste qui franchit la route qui menait à l'ancien pont. La partie basse de Pranles ne fut rattachée aux Ollières qu'en 1889.


De quoi vivaient les gens ?
D'abord, de la terre : 73% des 335 électeurs (y compris Dunière) se déclaraient agriculteurs en 1848. Le cadastre (1822) donne 17% du sol en terres labourables, 10% en vignes, 20% en châtaigniers. ll y avait 40% de landes, 8% de bois, et les mûriers couvraient 2% du sol, autant que les prairies. L`agriculture produisait donc surtout des céréales (blé, seigle, avoine), du vin, des châtaignes et des feuilles de mûrier pour les vers à soie. La plus grosse propriété était sans doute celle de la famille Juston, protestante, qui habitait au « château » de Beaulieu, près du Plot, ancien domaine des Descours, les seuls nobles d'Ancien Régime des Ollières.


La Grande rue - 1910

Les autres habitants avaient aussi le plus souvent un peu de terre. Mais sur la liste électorale de 1848, 28 se déclaraient artisans, 17 commerçants, 15 travaillaient dans l'industrie, ouvriers ou patrons. Rappelons qu'il ne s'agit ici que des hommes. Les ouvrières des moulinages étaient le plus souvent des jeunes filles ou des femmes.
ll y avait 3 « négociants en soie », Napoléon Aurenche, Siméon Auguste Fougeirol, et Julien Antoine Digonnet, qui fut le maire jusqu'à son décès en 1853.
Ce fut le notaire Frédéric Masclary qui le remplaça comme maire, alors que Fougeirol rachetait son' usine à sa veuve, une demoiselle Sonier de la Boissière.
Les autres habitants notables du village étaient le curé Régis Tourasse et son vicaire Jacques Moyot.
Louis Sallée-Delille était clocherons, fonction considérable dans un village sans horloges ni montres.
Jean-Pierre Reynaud et Jacques Riou, dit Duvernet, prolongeaient la tradition locale de fabrication des « oules », d'où le nom « Ollières », et des tuiles.
Jean-Pierre Monteil était boucher.
Les meuniers (Jean-Louis Riou, Régis Faurie, Antoine Roumégoux), fournissaient la farine du boulanger Jacques Sabatier, ou des particuliers qui « cuisaient » leur pain.
Les « estaminiers » ou cabaretiers Louis Palix, Jean-Louis Pouzet, les aubergistes, René Fougeirol, Rémy Faure, Pierre Sagnes, Jean Antoine Lacour, vivaient surtout du passage, ou des foires, dont la principale était celle des porcs à engraisser, le 18 mars.
Il y avait un instituteur, Mathieu Sahy, et un « facteur rural », un nommé Champelovier.
Le pasteur Galtier, que remplaça Frédéric Gounon, de Chalancon, en 1853, vivait à Pranles, et il n'y avait pas encore de gendarmes ni de débit Officiel de tabac.


En 1852, d'après le pasteur Samuel Mours, les Ollières devint le siège d`un nouveau Consistoire.
Le Conseil presbytéral était constitué par Jean-Louis Lacour, de Veye, Serre, des Ollières, Chabriol, du Jardin, Planchier, de Bavas, Dousson, du Chambon. Son territoire couvrait outre les Ollières, Pranles et Saint-Vincent-de-Durfort.

Tel était le village, avant l'industrie. La seule route accessible aux diligences et aux charrettes suivait la vallée jusqu`à Saint-Sauveur. En dehors de celle-ci, il fallait utiliser le mulet, ou marcher à pied. Les révolutions (école obligatoire, chemin de fer, utilisation du charbon, routes...) étaient encore à venir...


Michel Riou